http://www.cheval-barbe.net

La race Barbe : Histoire (partie 2)
             
 

 

 
           
   
           
   
           
   
        (élevages et importations)    
  M de Pluvinel instruisant le dauphin, futur Louis XIII avec le cheval Barbe Bai "Le Bonnite"        

Le Barbe du XVème siècle au XXème.

 

Barbes et Genêts d'Espagne, montures des Nobles et Rois d'Europe :

Il convient encore une fois de rappeler qu'il n'y avait pas en Europe de chevaux de selle mais des chevaux lourds.

Les chevaux de selle que montaient les nobles et les rois provenaient du Sud...

 

 Le Barbe en France et en Angleterre du XVème au XVIIIème siècle

Le terme de Barbe est assez récent, car autrefois on faisait référence au cheval des Barbares, ou des Berbères. Rabelais, au 16ème siècle parle du cheval de Barbéria (du latin barbarus, étranger), nom désignant l’Afrique du Nord.

Au XVème siècle, le Pape Paul II était tellement passionné de la race qu’il faisait organiser des courses allant de la Via del Corso au Palais Venezia et qui étaient exclusivement consacrées aux chevaux Barbes.

Les chevaux d’origines Ibériques et Barbes et leurs croisements vont ensuite s’embarquer à bord des vaisseaux des «conquistadores» et coloniser le Nouveau Monde, histoire qui mérite en elle-même un chapitre à part entière.

En Europe entre le XVIème et XVIIIème siècle, il faut se rappeler que les limites des royaumes ont beaucoup fluctué et que les relations entre les nations notamment l’Angleterre, l'Espagne, l’Italie et la France et les pays du Maghreb ont conduit à de nombreux échanges.

En Angleterre, Henri VIII (contemporain de François 1er et Charles Quint) reçut en cadeau du Prince de Mantoue (Italie) plusieurs juments Barbes qui furent consacrées à la reproduction au Haras d’Eltham.

Henri VIII

Henri III fera parler aussi du Barbe : ainsi, pour quitter la Pologne dont il était souverain et prendre le trône de France en 1574 à la mort de son frère Charles IX, c’est en effet un Barbe qu’il montait pour quitter Cracovie et faire un si long périple.

D'abord écuyer d’Henri III, Antoine de Pluvinel (1555 – 1620) a été remarqué à ce titre pour ses qualités et sa fidélité au Roi durant ses pérégrinations.

Henri III

 

De Pluvinel devint ensuite Grand Ecuyer du successeur d'Henri III : puis Henri IV le nomma Directeur des grandes Ecuries du Roy.

De Pluvinel connaissait le Barbe pour ses qualités de cheval d'armes, et il découvrit aussi ses qualités de cheval de manège lors de son instruction équestre auprès du maître de Naples, l'écuyer Pignatelli.

De nos jours, de Pluvinel est encore considéré comme celui qui a tracé les bases de l'équitation savante : il organisa en 1605 le premier carrousel donné en France.

Henri IV

Il introduisit les Barbes dans les écuries royales où l’on appréciait ses qualités d’impulsion, d’équilibre pour l’Académie Equestre qui lui permettaient de rivaliser avec les meilleurs chevaux espagnols et napolitains (races elles-mêmes très imprégnées de Barbe).

Sa docilité en faisait la monture désignée pour assurer la sécurité du Dauphin, futur Louis XIII, auquel Pluvinel enseigne l’équitation sur un Barbe nommé "Barbe Bay" mais célèbre sous le nom « le Bonnite » en raison de ses qualités.

Le Grand Ecuyer parlait du Barbe « le Bonnite » en ces termes :

« C’est le cheval le mieux dressé de la chrétienté, et il est le parangon de tous les chevaux de manège du monde, tant pas sa beauté, que pour aller parfaitement, de bonne grâce, jusque terre à terre et à courbettes ».

Les gravures représentent « le Bonnite » comme un cheval de taille plutôt moyenne, au corps puissant avec des membres aux pieds petits, une attache de queue basse, une encolure courte et forte, aux crins abondants, avec une tête formant un arc doux se terminant par un bout de nez effacé.

 

 

de Pluvinel instruisant le dauphin (futur Louis XIII), sur le cheval Barbe Bai "Le Bonnite"

 

Le Barbe est apprécié pour son influx nerveux, son allant naturel et sa bonne volonté, sa résistance à l’effort, son équilibre naturel et sa maniabilité qui lui donnent légèreté et allures relevées.

Il faut savoir que les airs relevés et les sauts d’école étaient pratiqués à la fois comme airs de manège mais aussi comme exercices du cheval d’armes, ce qui était le statut reconnu du Barbe depuis des siècles.

Toutes ces qualités seront encore louées un siècle plus tard par Sollysel, également écuyer du Roy, et qui, reconnaissait les qualités du Barbe en ces termes :

"Il est certain que le courage des Barbes est remarquable, car à la guerre ils vont toujours, jusqu'à ce qu'ils aient les os cassés ou qu'il leur reste une goutte de sang dans le corps.

Ils retirent leur maître d'une mêlée (...) je n'ai jamais connu leur pareil, pour l'excellence de leur taille, de leur pure et nerveuse force, de leur gentil naturel et de leur docilité.

On dit que les Barbes meurent mais ne vieillissent pas parce qu'il conserve toujours leur nerf et leur vigueur."

 

Ce que nous savons des robes anciennes des Barbes :

La ritournelle  "de quelle couleur était le cheval blanc d'Henri IV ?" qui a traversé les siècles, n'est peut-être pas une "Lapalissade" ridicule, mais provient très certainement du fait que le cheval du Roi était tout à fait exceptionnel et donc n'avait pas une robe grise ayant blanchi.

.

Henri IV à la bataille d'Arques (Musée National du Château de Pau)

Sur ce tableau représentant le cheval blanc monté par Henri IV, l'artiste a peint des sabots de corne blanche, un bout de nez rose et même le tour des yeux semble clair, donc il s'agissait très probablement d'un cheval Crème...

On peut remarquer que ce même tableau représente également 2 chevaux palominos, tout comme le cheval représenté sur le tableau "Henri IV à Paris" :

Henri IV à Paris

Au musée Henri IV à Nérac (47), il est aussi possible d'admirer une peinture représentant Henri IV à la prise du fort de Montmélian, montant un cheval .... pie alezan !

 

Les tableaux nous apportent donc des témoignages historiques qui invalident totalement l'opinion actuelle selon laquelle les robes de couleur sont "exotiques" en Europe.

Il serait difficile de nier l'origine de ces robes, à une époque où il n'y avait pas en Europe de race de selle autochtone et où c'était le Barbe qui était à l'honneur ...

Les robes de couleur sont donc anciennes dans la race Barbe et elles méritent réhabilitation.

Ceci dit, à l'époque d'Henri IV, elles devaient aussi être minoritaires (et mêmes rares) pour être considérées comme dignes d'un roi.

 

Mais revenons aux Barbes en Europe :

En Angleterre, le duc de Newcastle, auteur de la « Nouvelle méthode et invention extraordinaire de dresser les chevaux » témoignera aussi de sa préférence pour la race Barbe « pour le modèle, la force, son naturel agréable et sa docilité ».

Toutefois, l’Angleterre s’intéresse aussi à l’équitation sportive (steeple, courses).

Richard Coeur de Lion (1189-1199) n'a pu que remarquer les qualités des chevaux orientaux qui, lors de ses croisades démontraient leur mobilité et leur fougue face à leurs chevaux plus lourds. Il commença donc à importer des chevaux Orientaux mais les croisements se firent sans plans ni méthode.

Jacques 1er, roi d'Angleterre de 1603 à 1625, passionné de courses de chevaux, créa le premier hippodrome (Newmarket).

Jacques 1er

Sous Charles 1er et Charles II (règne de 1660-1685), une politique d'élevage en vue d'améliorer les performances se mit en place.

En recevant dans la dot de sa femme en 1662 la ville de Tanger, les 21 années sous lesquelles la ville resta sous domination anglaise permirent à Charles II d'importer des chevaux orientaux dont les juments qu’on appelait « Royales Mares and Barb Mares ».

 

Ainsi aussi d’un éleveur anglais, Oliver Cromwell, qui avaient des juments Barbes qu’il faisait couvrir par "Morocco Barb" un étalon appartenant au Général de Fairfax.

Sous Guillaume XIII, les importations continuèrent. On estime ainsi à environ 200 le nombre de reproducteurs orientaux qui ont été importés pour améliorer la rapidité et les performances des races anglaises avec des origines diverses : turques, akkal-tekhe, arabes et barbes.

Jacques II d'Angleterre poursuivit la politique d'élevage de son frère en achetant à M. Curwen deux étalons Barbes. Ceux-ci avaient été offerts à Louis XIV par le Sultan du Maroc et étaient revenus en héritage au Comte de Toulouse. Les étalons furent nommés Curwen Bay Barb et Toulouse Barb.

En France, c'est en 1680 que Louis XIV réunit la Petite et la Grande Ecurie et les installa en un seul manège à Versailles, pour former les écuyers et les officiers de cavalerie du royaume français et dresser les chevaux destinés à l’usage des services du roi.

Toutefois, l’homme de cheval le plus connu de son époque n’est pas écuyer au manège de Versailles mais dirigeait le manège des Tuileries à Paris.

François Robichon de la Guérinière y enseignait une équitation moins militaire, plus légère et savante, faite d’assouplissements, d’épaules en dedans, dont les principes sont toujours en faveur à Vienne.

François Robichon de la Guérinière
(1687 – 1751)

 

De la Guérinière, qui est considéré comme le Père de l’équitation Française, reconnaissait les Barbes (notamment d'origine tunisienne) comme étant les meilleurs chevaux d’art équestre.

Sous Louis XIV, le ministre Colbert a travaillé avec vigueur à structurer l'économie, l'industrie et l'agriculture.

Le cheptel équin Français étant composé de chevaux de traits, il fallait pour les besoins de la cavalerie militaire et les usages privés aller sans arrêt acheter des chevaux à l'étranger.

La Frise, la Hollande et le Danemark possédaient de bons carrossiers, mais les bons chevaux de selle (les Barbes) s'achetaient en Barbarie.

Cette raison économique décida Colbert à encourager la production en France de chevaux de selle, en commençant par des demi-sangs pour le plus grand nombre.

Colbert, le créateur des Haras Nationaux Français

Ainsi les termes de l'Arrest du Conseil d'Etat en date du 17 Octobre 1665 :

"Le Roy, voulant prendre un soin particulier de rétablir dans son royaume les Haras, qui ont été ruinez par les guerres et les désordres passez; même de les augmenter de telle sorte que les sujets de Sa Majesté ne soient plus obligez de porter leurs deniers dans les Païs Etrangers pour achats de chevaux : Sa Majesté aurait envoyé visiter les Haras qui restent, et les lieux propres pour en faire établir, ayant fait acheter plusieurs chevaux entiers en Frise, Hollande, Danemark et Barbarie, pour servir d'étalons et résolu de les distribuez : scavoir, ceux qui seront propres au carrosse, sur les côtes de la Mer (...) et les Barbes, dans les Provinces de Poitou, Xaintonge et Auvergne."

Pour produire des chevaux de selle, la race Barbe fut choisie comme la seule et unique pouvant honorer les objectifs des Haras Français !

De même M. de la Guérinière écrivit au chapitre V du Tome I de "l'Ecole de Cavalerie" son avis sur la qualité de la race dans cet objectif d'élevage :

En France, on se sert plus volontiers de chevaux Barbes que de chevaux d'Espagne pour les haras. Ce sont d'excellents étalons pour tirer (produire) les chevaux de chasse.

Cette appréciation sur le cheval de chasse est très intéressante, c'est à dire que seule la race Barbe apportait à la fois sportivité, rapidité et résistance à l'effort (qualités moins bonnes chez les chevaux d'(Espagne).... ce fait sera pleinement confirmé en Angleterre par la descendance de Godolphin Arabian, en réalité un étalon Barbe Tunisien...

Rien que pour la saison de monte 1689, il est ainsi fait mention qu'il fut distribué 678 étalons Barbes pour 13 024 poulinières saillies, sur les provinces Poitou, Auvergne (qui comprenait aussi le Limousin) et dans les circonscription de l'Aunis (Vendée) et du Saintonge (Charentes).

C'est dire l'influence de la race Barbe qui est à l'origine de la plupart des chevaux de selle que nous tenons pour races Françaises...

Cette tradition d'élevage n'avait rien d'exotique : c'était un choix validé par l'expérience, puisque les Barbes étaient déjà très présents en France parmi les écuyers et leurs qualités étaient unanimement reconnues.

C'est pourquoi il est totalement absurde et paradoxal qu'à l'heure actuelle, la race Barbe soit considérée par les Haras Nationaux comme race étrangère alors que la race Arabe est tenue pour Française  !!

Mais il est clair que les décideurs de l'époque post-Napoléonienne n'avaient ni la même culture ni les mêmes compétences équestres.

En plus des étalons, la France importa aussi des juments Barbes achetées à Moulay Ismail au Maroc.

Toutefois, les efforts politiques en faveur de l'élevage ne furent pas réellement suivis : les autres chevaux Barbes importés étaient à l'usage exclusif de l'élite sociale et n'étaient pas mis à la disposition des éleveurs Français.

Faute d'étalons, l'élevage Français ne put dépasser l'étape des demi-sangs.

 

En 1731, le jeune Louis XV reçut lui aussi 8 étalons Barbes offerts par le Bey de Tunis. Mais, le Roi préférant alors des chevaux plus massifs, dédaigna le cadeau et les Ecuries Royales ne surent pas utiliser pleinement le potentiel de ces étalons et s'en défirent.

L'histoire n'a pas retenu le sort de 7 d'entre eux, car seul un de ces étalons eut l'occasion de faire parler de lui et eut un destin hors du commun en devenant très célèbre.... mais en Angleterre !

 

Histoire de Godolphin Arabian :

Ce récit est tiré de plusieurs lectures sur le sujet (un des plus célèbres récits étant celui de Maurice Druon : "Le Prince Noir" nouvelle écrite en 1957).

L'histoire a peut-être été enjolivée par certains narrateurs, mais un certain nombre de faits se recoupent systématiquement.

Contrairement aux autres étalons importés spécialement en vue d’améliorer les races anglaises, cet étalon est arrivé en Angleterre par hasard et tardivement, après un curieux cheminement.

Pourtant, il aura fortement marqué sa descendance au point d’être, dans les ouvrages équestres, l’étalon le plus cité dans l’histoire des chevaux Anglais !

Il n’a d’ailleurs connu qu’une reconnaissance tardive comme en témoigne son histoire attachante.

 

Cet étalon Barbe, nommé Scham, né en 1724, de robe baie sombre, était un cadeau du Bey de Tunis au Roi de France.

Dédaigné par les Ecuries Royales, il fut mis en vente et acquis par un marchand de Paris qui cherchait un animal pour tirer sa charrette...  L'étalon royal se retrouva donc cheval de peine sur les pavés de Paris.

On raconte qu’un anglais dénommé Croke, venu acheter des chevaux en France se trouvait à passer dans une rue de Paris quand il fut attiré par les vociférations qui émanaient d’un attroupement. Se rapprochant pour satisfaire sa curiosité, il vit, au milieu de la foule qui tentait de calmer l’homme qui criait ainsi, un cheval gisant au sol entre les brancards d’une charrette, frappé par son maître.

En mauvais état et couvert de blessures, le cheval faisait pitié à voir. Ecœuré, Croke voulut passer son chemin lorsque son regard croisa celui du cheval. Malgré sa détresse, il brillait encore dans ses yeux une noblesse qui fit sursauter l’homme.

Poussé par un instinct qui s’avéra remarquable, Croke proposa au marchand de le lui racheter. Malgré l’état de l’animal qui gisait au sol, le marchand n’hésita pas à en demander une somme importante en affirmant qu’il l’avait acheté aux écuries royales. Etonné d’une telle origine, Croke acquit l’animal. Se renseignant ensuite auprès de l’administration, il apprît effectivement l’origine prestigieuse de l’étalon et il décida de le garder pour lui.

L’étalon fut emmené en Angleterre et soigné. Lorsque Croke décéda, il fut transféré dans les écuries de Lord Godolphin qui semblait ignorer l’origine Barbe et devait pensait que c’était un étalon Arabe.

Une peinture (dans le "style" de l'époque) représentant Godolphin Arabian...

Le cheval très agréable de caractère et facile à manier, servait de souffleur pour tester les juments afin que leurs violents coups de pieds en cas de refus épargnent l’étalon destiné à la reproduction.

Mais un jour, il échappa à son palefrenier. On dit que malgré sa petite taille il combattit le grand étalon jusqu'à le tuer et pu ainsi s’occuper personnellement de la jument Roxana.

Personne ne pouvait imaginer quel sorte de poulain allait naître de ce petit étalon.

Ainsi naquit Lath.

Il fallu ensuite plusieurs années pour que Lord Godolphin, étonné de voir ce poulain devenir plus grand que sa mère, s’aperçut qu’il était tout à fait extraordinaire : Lath gagnait de nombreuses courses et devenait extrêmement célèbre.

Lath, le cheval imprévu, rendit ainsi à son père la gloire tant méritée qui lui revenait.

Les hommes prirent donc très tardivement conscience de la qualité de cet étalon. Ce n’est qu’à la fin de sa vie que celui qu’on nommait alors Godolphin Arabian fut mis à la reproduction, donnant naissance à quelques chevaux, tous talentueux, dont Cade et Regulus.

De sa descendance, on retiendra aussi Eclipse qu'aucun autre cheval ne pût jamais égaler (27 courses remportées sur 27 courues). Eclipse était issu de la lignée Godolphin par la branche maternelle et de Darley Arabian par la branche paternelle.

Extrait du  "Précis d'Extérieur du cheval"de F-X Lesbre (1930)

Les lignées de Matchem (1748) et d'Herod (1758) comptèrent 36 gagnants du Prix de l'Arc de Triomphe et ont influencé également la création du Selle Français, certaines lignées de Trotteurs Français et d’Anglo-Arabe, tandis qu’elles produisirent en Angleterre près de 300 cracks en course.

Les produits de Godolphin Barb, exceptionnels, rapides, endurants, courageux, firent de l'étalon une légende vivante : les spécialistes des chevaux et les spectateurs des champs de courses ont adulé Godolphin Barb comme le meilleur étalon de toute l’Angleterre.

Malgré son âge avancé, il était présenté aux courses où participaient ses descendants. Paré de somptueux atours orientaux brodés d’or, la foule se pressait pour l’admirer, mais tous pensaient qu’il s’agissait d’un étalon Arabe.

Issue d'un mélange de souches anglaises et de souches orientales, la race reine des champ de courses fut improprement nommée en Français Pur-Sang Anglais (le terme Anglo-saxon est Thoroughbred) et fût définitivement fixée sur les descendants des 3 étalons :

- Godolphin Barb, ex Scham, Barbe Tunisien, qui est resté le plus célèbre.

- Byerley Turk (1689), prise de guerre du Capitaine Byerley lors du siège de Budapest et qui serait d’origine Akhal-Téké,

- Darley Arabian (1705), un arabe kochlani (c'est à dire de lignée noble par opposition aux "attechi" chevaux arabes de condition misérable), lui aussi présent dans l'ascendance d'Eclipse.

Pur Sang Anglais du XVIIIème siècle

 

Le Barbe, cheval des campagnes militaires :

On oublie souvent de se rappeler que la France n'a pas une longue tradition d'élevage de chevaux de selle.

Dans les siècles passés, le cheptel équin était constitué de multiples variétés de chevaux lourds, qui démontraient leurs inégalables capacités dans les labours, les gros travaux des champs et dans le transport de charges lourdes.

Un concours de moisson en 1869

Toutefois, leur masse musculaire ne les avantageait pas dans des raids au long cours, raison pour laquelle les chevaux de diligence étaient régulièrement changés aux relais.

En usage militaire, il y avait deux sortes de chevaux :

- les chevaux de trait qui convoyaient les lourdes pièces d'artillerie et les équipements d'intendance.

- les chevaux de selle.

Or l'élevage français a eu de sérieuses carences en chevaux de selle qui soient à la fois résistants, vifs, et économiques. Les remontes militaires s'effectuaient sur les foires avec une forte disparité de qualité, mais les meilleurs chevaux étaient importés.

Il convient de se reporter à ce sujet à l'étude faite par le colonel Denis Bogros, qui concerne non seulement l'usage du cheval pour les besoins militaires et la position exceptionnelle du Barbe dans des usages multiples, mais qui retrace aussi la réalité de l'histoire de l'élevage du cheval de selle en France.

 "Les chevaux de la Cavalerie Française" (PSR éditions, Loudun, 2001) ou disponible sur Internet : "Histoire du cheval de troupe de la cavalerie française : 1515 - 1918" (http://www.bmlisieux.com/inedits/cavale00.htm)

Aussi, lorsque des représentations réalistes montrent des chevaux aux membres fins et aux allures relevées, il faut les considérer comme tout à fait révélatrices des apports d'autres sangs.

 

Un autre témoignage historique :

Les chevaux Barbes étaient régulièrement utilisés en France comme cheval militaire Français.

 

Ce soldat trompette monte

un cheval qui a tout du Barbe :

 

taille petite ,

membres fins,

pieds petits,

geste relevé des antérieurs,

crins très abondants,

croupe avalée

et attache de queue basse.

 

De même pour les chevaux représentés avec des membres fins et une tête à profil convexe, puisqu'il y avait quand même d'importants déplacements de chevaux en provenance d'Espagne et du Portugal.

   

 

 

Officier de Napoléon

 Cuirassier Prussien

Toutefois, même s'ils n'étaient pas Barbes, il ne faut pas oublier que les chevaux de toutes sortes, de toutes races, ont été entraînés dans les folies guerrières des hommes, qu'ils ont souffert et sont morts par milliards dans l'histoire.

Batailles en Belgique et en Prusse.

 

A l'époque Napoléonienne, c'est le cheval Arabe qui a été mis à la mode... Toutefois, la monture de chasse de l'Empereur était une jument Barbe.

Lorsque la France entreprit la colonisation de l’Algérie, les militaires français du XIXème siècle eurent tôt fait de redécouvrir les incomparables qualités des chevaux Barbes.

Le Général Daumas auteur du livre « les Chevaux du Sahara » décrit ce qu’il constate en 1854 de «ces merveilleux chevaux anglais, si préparés et tant vantés, qui fondaient comme neige au soleil», ce que confirmait le chef d’escadron Ranson (1855) «Nos chevaux souffrent mais ceux des chasseurs d’Afrique se maintiennent à merveille».

Daumas écrivit aussi : «si le cheval Barbe n’a pas les contours arrondis, l’harmonieuse beauté, l’élégance plastique du cheval arabe, on peut dire que ses lignes arrêtées et vigoureuses révèlent d’indiscutables qualités

 

Le cheval Barbe au XXème siècle

Utilisation pacifique du cheval Barbe

Au début du XXème siècle, le Barbe est encore le moteur au Maghreb. Les diligences assuraient les liaisons entre villes.

 

 

 

 

 

 

              

La diligence vers Laghouart

La diligence entre Laghouart et Ghardaïa
  Les Barbes tiraient carrioles et calèches, ou travaillaient dur aux champs.

                            Barbe attelé

Cheval harnaché dans une ferme en Algérie

  Le cheval était aussi de toutes les fêtes comme en témoigne cette affiche d'Oran datant de 1902. On y découvre avec surprise que faire une excursion depuis Oran jusqu'au désert ou à la frontière marocaine, faisait partie des festivités (il suffit de regarder une carte pour évaluer ce que cela  représentait comme distance).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Photo de famille - Haras du Verseau)

 

Affiche de la fête du millénaire d'Oran:
29 Mars au 6 Avril 1902
A l'occasion d'un défilé, 3 chevaux d'attelage des calèches d'Oran avaient été déguisés en char de Ben Hur pour participer à un défilé costumé

(années 1940).

 

Utilisation militaire du Barbe au XXème siècle

Durant la dernière guerre mondiale, des Barbes ont été réquisitionnés pour un régiment Allemand de cavalerie qui suivait les blindés et sont allés ainsi jusqu'aux abords de Moscou en supportant des conditions très difficiles.

Campagne de Russie, été 1941, colonne allemande à 500 km de Moscou, près de Jelna.

Les montures sont des Barbes achetés en Tunisie.

Pour l'attaque de l'Italie, les troupes de Rommel, partirent de Tunisie en passant par la Sicile, et ce sont encore des Barbes Tunisiens qui ont été réquisitionnés et ont servi jusqu'à la  bataille de Monte-Cassino.

Emmené comme cheval d'armes (les campagnes de Crimée, du Mexique), le cheval Barbe a aussi payé un lourd tribut à son dévouement pour l'homme.

Pour l'utilisation militaire au XXème siècle, on évalue à pas moins de 10 000, la perte en cheptel, raréfiant encore la souche déjà menacée par son métissage avec la race Arabe.

Une vision d'horreur après un combat

Comparativement à ce qu'on vécu les chevaux dans les batailles, ce que nous leur demandons en tant que cheval de loisirs représente effectivement des vacances....

 

Le Barbe après le retrait de la France en Afrique du Nord :

Le capitaine Beudant qui avait servi au Maroc et éprouvé les qualités du Barbe en utilisation militaire (longs raids à travers le désert, sauts des murs de pierre entourant les douars) a continué de mettre en valeur le cheval Barbe.

En présentant le Barbe aux airs d’école, au piaffer et à la cabriole avec suffisamment de brio, le capitaine Beudant (élève de Faverot de Kerbrech) obtint les félicitations du Général de Carpentry, reconnu grand connaisseur en la matière.

 

La présence de l'Administration Française en Algérie, Tunisie et au Maroc apporta à ces pays en cours de structuration une expérience qui fut favorable à la mise en place des registres officiels d'élevage.

Le retour des troupes Françaises et de leurs chevaux, notamment les chevaux militaires des Spahis, a marqué le début du retour des chevaux Barbes sur notre territoire.

Chevaux d'armes Français, les Barbes du 7ème régiment de cavalerie en garnison à Senlis
défilent en l'honneur de la Nation
un 14 Juillet sur les Champs Elysées.

Après l'indépendance de l'Algérie, le 7ème régiment de Cavalerie de Senlis fut dissous le 30 Septembre 1962.

Les chevaux Barbes furent alors dispersés. Certains se retrouvèrent chevaux de Centres équestres.

Mais le gouvernement Français eut un comportement bien lamentable : les Harkis, à qui la France devait protection et soutien, ont été traités de manière honteuse et les chevaux des Spahis firent aussi les frais du même mépris.

Par décret datant de 1965, la France raya même de son territoire l'existence de la race Barbe, alors que depuis des siècles, ces chevaux avaient servi l'élevage et les campagnes militaires.

La race Barbe, sans Stud-Book sur le territoire Français, tomba quasiment dans l'anonymat.

Les Barbes et Arabes Barbes inscrits aux Stud-Books de leurs pays d'origines furent intégrés dans le Stud-Book du cheval Anglo-Arabe, les autres, même les fidèles montures des Spahis, furent relégués en tant qu'OI (Origine Inconnue) !

Plus aucune reproduction n'a pu dès lors continuer, du moins en étant officiellement enregistrée.

Mais les heures noires du Barbe avaient aussi cours de l'autre côté de la Méditerranée.

Pour acquérir les fameux breaks Peugeot tant prisés au Maghreb, les propriétaires de Barbes se débarrassaient de leurs chevaux de travail et d’attelage.

Par pleins bateaux, les chevaux Barbes arrivaient en France pour la boucherie. Le port de Marseille voyait débarquer chaque semaine de  500 à 1000 chevaux. Il s'en est suivi un épouvantable gâchis…

Chaque déchargement des bateaux révélaient des chevaux exceptionnels dont le précieux patrimoine génétique était gaspillé au profit des Français hippophages. De leur appétit, il n'est rien resté, sauf l'aggravation de la raréfaction des souches Barbes (qui a été encore aggravée avec l'épidémie de peste équine de 1967 et 1968).

Quelques Barbes ont été sauvés par des passionnés fondant ainsi les bases d'élevages non reconnus, mais qui ont continué à travailler sur des souches Barbes, certains sans jamais se réclamer de papiers d'ailleurs.

D'autres Barbes et Arabes-Barbes furent utilisés comme chevaux de selle, notamment dans les centres équestres qui appréciaient de trouver des montures pour des prix très faibles, d'autant que le Barbe était idéal : sportif, docile, frugal, son entretien tant au niveau alimentaire qu'en soins (pieds très sains et corne très résistante). de plus, il était capable de travailler avec allant jusqu'à un âge avancé.

Ainsi, de nombreux cavaliers ont monté dans les années 1965 à 1980 ces OI qui étaient en fait des Barbes.

Les cavaliers qui ont connu l'origine de ces chevaux, en ont gardé un souvenir si enthousiaste et ardent qu'ils ont été conquis à jamais par la race Barbe, au point de devenir ses plus ardents défenseurs et même éleveurs.

Mais la disparition de la reconnaissance de la race en France et le monopole exercé par la race Arabe (très largement soutenue par les Haras Nationaux) a rendu la tache bien difficile.

En France, un ancien spahi, Jean Deveaux eut à coeur de réhabiliter la race auprès des Haras Nationaux. Jacqueline Delacroix tenait quant à elle la mission de noter les généalogies de quelques lignées.

En 1987, une mobilisation de vaste ampleur aboutit au premier Colloque International sur le Cheval Barbe, durant lequel c' est officiellement créé l'Organisation Mondiale du Cheval Barbe.

En Janvier 1989 (enfin !), les Haras Nationaux Français réintégrèrent la race Barbe dans les races reconnues en France, mais en tant que race "étrangère"... Quel paradoxe de l'histoire....

Un stud-book fut ouvert en France en admettant des chevaux « à titre initial », c'est à dire enregistré sur examen de leur modèle (ascendance inconnue, ou connue mais ne pouvant pas être prise en compte officiellement).

Si certains chevaux avaient des origines avérées, d’autres n’avaient été admis que sur le modèle, mais présentaient dans leur production des incohérences notables (poulains aux membres forts, aux sabots larges…), comme en ont témoigné divers éleveurs.

Le cheptel présent sur le territoire Français étant insuffisant en quantité et parfois aussi en qualité, il était nécessaire d’améliorer la production grâce à des reproducteurs issus du berceau de la race (Algérie, Maroc, Tunisie). Toutefois, l’importation de sujets Barbes n’a pas toujours été facile.

L’Algérie : enfin consciente du patrimoine à protéger, l’Algérie n’acceptait plus de se séparer que de quelques entiers et principalement de robe grise et c'est en négociant directement auprès des Haras Nationaux Algériens que des éleveurs ont pu obtenir l’exportation de quelques juments grises de Tiaret ou d’El Kherma.

D'autres exportations purent avoir lieu grâce à un importateur installé près d’Alençon, Jean Marie Kautzmann, qui réussit à lever la réticence des Algériens à concéder des Barbes, en leur fournissant en échange des chevaux de courses dont l'Algérie était par ailleurs très demandeuse. La France put ainsi obtenir des étalons et juments de grandes qualités (notamment Hakem qui provenait de la jumenterie de Tiaret).

L’Algérie avait également offert à la France (cadeau du Président Boumédienne au Président Giscard d’Estaing) un étalon gris de 3 ans, nommé Ouassal, fils de Nedjed et de Fedallah, mais dont la France s'est trouvée un peu encombrée puisque la race n'était plus reconnue par les Haras Nationaux.

Cet étalon avait donc été affecté au Haras National du Pin, où il assuma l'ingrat rôle de souffleur.

A la réouverture du Stud-Book Français, Ouassal avait 19 ans : c'est donc tardivement qu'il a enfin pu commencer sa carrière d'étalon au Haras de Compiègne, laissant une quarantaine de produits dont un certain nombre de ses fils ont eux mêmes été agréés étalons (Ben Ouassal, Dahir de Lunain, El Ouassal, Hilal al Shatane, Izzat Ouassal, Jebel Ouassal) et quelques juments (pour ne citer qu’une jument, Candy de Ouassal).

En 2003, les Haras Nationaux ont décidé de proposer de nouveau un étalon Barbe en monte publique et ont choisi son fils El Ouassal .

Un autre étalon Barbe a été offert par l'Algérie, sera t'il mis à disposition des éleveurs ?

Actuellement, il n'est plus envisageable de pouvoir importer d'autres reproducteurs d'Algérie.

La situation du Barbe en Algérie est en constante dégradation, à tel point que le quotidien Algérien "El Moudjahid" rapporte les termes d'Ammi Mohamed, vétérinaire à la station expérimentale de l'Institut d'agronomie de Blida : "le cheval Barbe est en voie de disparition en Algérie".

En effet, aggravant les pertes d'effectifs dues à la peste équine de 1967 et 1968, les Algériens propriétaires de chevaux Barbes les conduisent de plus en plus aux abattoirs pour la viande .... Quelle tristesse...:

 

La Tunisie : au milieu du siècle dernier, on reconnaît la qualité des souches de Barbes Tunisiens (Haras de Tébourba, ainsi que dans les élevages des régions du Kairouan et du Kef, Haras de Tadjerrouine). C'étaient aussi les origines tunisiennes que de la Guérinière affectionnait pour l’équitation de manège et les airs d’école.

La Tunisie a donc été une autre source d’origines intéressantes d’autant qu’il était un peu moins difficile d’y acquérir de bons reproducteurs. La Tunisie présente toutefois des modèles assez différents.

 

Le Maroc : c'est le pays le plus accessible pour l’exportation via l’Espagne.

Les modèles officiellement présentés sont toutefois assez disparates : soit trop lourds, soit trop imprégnés d’Andalous, soit très arabisés.  Mais une forte proportion de Barbes et Arabe-Barbes Marocains ne sont pas enregistrés dans le Stud Book, et les souks peuvent révéler des merveilles.

Pour cette raison, le Maroc n'a pas fermé son Stud-Book et permet de pouvoir présenter les chevaux non encore inscrits à une commission raciale qui peut les intégrer à Titre Initial en tant qu'Arabe-Barbe à 50%.

 

Grâce aux importations de ces trois pays d’origine, l’élevage du Barbe a pu se développer en France.

 

L’élevage en France

Grâce à des éleveurs passionnés et grâce à la presse équestre, le monde des cavaliers est en train de redécouvrir la race Barbe, sa valeur historique et ses qualités intrinsèques.

Si la race Barbe est encore rare et mérite d’être protégée en tant que patrimoine génétique de premier ordre, les Barbes ne sont pas des pièces de musée à conserver dans des parcs pour éviter leur disparition !

Ce sont des chevaux toujours parfaitement adaptés à des utilisations très polyvalentes et ils conviennent à merveille aux activités de loisirs ou au dressage amateur (attention : les règles des compétitions de dressage actuelles sont taillées sur les standards des races germaniques).

On regrette encore leur représentation trop faible en endurance, mais le cheptel exploité en endurance est très largement plus restreint que celui des chevaux Arabes.

En 1995, c'est une jument Barbe Arabe, Shabaya Al Shatane qui détenait le record de vitesse en compétition d'endurance à Florac sur 160 km avec une moyenne de 15,06 km / h en terrain difficile et dénivelé !

De même les résultats récents démontrent que si les Barbes et Arabes Barbes sont très minoritaires par rapport aux chevaux Arabes, par contre, en proportion, ils sont plus fréquemment qualifiés !

C'est encore leur nombre trop restreint et le manque d'information sur leurs qualités qui les rendent absents de l'attelage ou du horse-ball, car ce sont des activités qui sont vraiment dans le champ de leurs compétences.

La race Barbe est donc en France une affaire d’éleveurs privés passionnés, soutenus uniquement par les cavaliers, mais qui sont de plus en plus nombreux à apprécier les multiples qualités de la race.

 

En France comme dans le berceau d'origine, la proportion d'Arabes-Barbes est très largement supérieure.

Le vrai Barbe est un en effet un cheval rare (moins d'1 sur 5 par rapport aux Arabes Barbes).

Les éleveurs Français ont vraiment pris à coeur leur mission de défense de la race. Toutefois, la politique d'élevage de l'Association Française du Cheval Barbe agréé plus d'étalons Arabes que d'étalons Barbes et il règne dans la race un certain malaise.

Plutôt confidentiel à son début, de plus en plus de cavaliers se tournent pourtant vers les chevaux Barbes, pour leurs qualités de polyvalence, de facilité d'entretien, que ce soit pour le loisir ou pour le sport.

  

 

http://wPage créée le 27/05/2002 - Dernière mise à jour le 29/07//2006harbe.net

www.cheval-barbe.net